Une enfance avec Jésus et Marie, la main dans la main
Je suis née dans une famille catholique pratiquante, il y a plus de quarante ans. Depuis ma naissance, j’ai eu la chance de bénéficier de la prière en famille et d’une éducation religieuse active.
Sur le plan de ma cellule familiale ainsi qu’à l’école et dans mes loisirs, j’étais très différente à plusieurs niveaux, je me sentais souvent exclue, j’avais l’habitude d’être solitaire, et c’est devenu un trait de caractère. Cependant, je ne me sentais pas seule, mon meilleur ami était Jésus et c’est toujours le cas aujourd’hui.
Mon enfance se passe donc relativement tranquillement, malgré mon tempérament mélancolique, c’est tout de même une enfance heureuse où j’ai la chance et la grâce de grandir avec Jésus et Marie qui me tiennent la main.
Un début de vie d’adulte, portée par Jésus et Marie
Bac en poche, avec des résultats moyens que personne ne comprend compte-tenu de mes résultats scolaires habituels, je pars pour mes études à Lyon d’abord, Montpellier, le Canada puis Paris. Sans être extrêmement brillante, j’ai la chance de pouvoir étudier la génétique, la biologie marine, l’éducation à l’environnement puis la Communication.
A l’issue de l’école, je suis embauchée en tant que chargée de communication scientifique dans l’institut de mes rêves ! Cinq années passent ainsi où je me donne à fond dans le travail, j’ai des horaires de plus en plus importants, des projets de plus en plus lourds à gérer sans forcément les promotions qui vont avec. Pire, elles vont à d’autres. Je m’épuise au point où ma sœur me dit un jour « Que cherches-tu ? Où vas-tu ? » Je suis incapable de lui répondre. Je sais juste que je fais de mon mieux, comme je l’ai toujours fait depuis petite. Je cherche à changer d’emploi, mais ne trouve rien et postule à différents postes sans résultat. Je n’ai pas le sentiment d’avancer mais celui de vivre une vie stérile.
Une chose est certaine cependant, même si je suis moins assidue que plus jeune, je sais que le Seigneur est là, en tous cas, plus ou moins. Je continue à aller à la messe le week-end, j’ai l’occasion de faire quelques retraites et pèlerinages, surtout pendant mes années d’études. J’ai même l’occasion d’être catéchiste, d’encadrer des sessions pour des jeunes ou de me rendre à Medjugorje ! Cependant, il s’agit d’une pratique tiède, par habitude. Je vais voir Jésus, comme un vieil ami, mais je n’ai plus cette intimité de l’enfance. Je l’appelle ainsi que sa mère dans les moments difficiles, comme par exemple quand je sens que tenir ma promesse de chasteté sera difficile ; Et ça marche !
Le moment où tout bascule
Ma vie bascule au moment de l’agonie de ma tante. Cela fait près de deux ans qu’on lui a découvert un cancer du poumon qui a métastasé rapidement. Son décès, début février 2012, est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Le lundi suivant, ma supérieure fait une remarque dont je ne me souviens plus aujourd’hui ! Le burnout qui se tapissait au fond de moi explose. Je suis arrêtée pendant 2 mois. Je reprends le travail entrecoupé de périodes d’arrêts avec des séances de psy qui me permettent de vider un peu mon sac…
En octobre 2012, je rentre finalement en Martinique après avoir enfin trouvé un emploi. J’ai perdu plus de mille euros de salaire, mais le décès de ma tante m’a fait me rendre compte qu’il y a des choses plus importantes dans la vie. L’important n’est ni le salaire que je gagne, ni l’emploi que j’occupe, mais le temps que je passe avec mes proches, les personnes que le Seigneur a mis dans ma vie et ce qui m’entoure…
Dieu reprend les commandes, pas à pas
De fin 2012 à 2014, c’est le début de la reconstruction ; je renoue ou crée des amitiés et je m’inscris à des cours de poterie (Cela m’a toujours interpellé, surtout qu’une des chansons qui m’a toujours marquée depuis enfant est « Comme un souffle fragile, Ta Parole se donne. Comme un vase d'argile, Ton amour nous façonne… »). Cependant, je me sens encore très faible et pleure pour un rien.
Je recommence à vivre des temps de récollections et de retraite où je demande : « Seigneur, que veux-tu que je fasse ? » Je vis à nouveau le jeûne et la confession que j’avais délaissés depuis longtemps. Progressivement, je me sens plus légère ! Moins perdue.
A la Pentecôte 2015, sur un coup de tête, je décide d’accepter la proposition d’encadrer les jeunes de à la journée de récollection organisée au palais des sports de Rivière-Salée. C’est l’une des premières rencontres présidées par Monseigneur Macaire. A un moment, il invite l’assemblée à se confier à Dieu, de tout son cœur. Je pose alors la question : « Seigneur qu’attends-tu de moi ? Que veux-tu que je fasse ? Une image s’imprègne alors en moi avec la motion « Tu seras témoin de mon Amour ! » Je l’accueille et la garde en mon cœur mais ne sais pas encore pleinement ce que cela veut dire…
Fin 2015, j’ai vécu différentes retraites l’une avec Vie et Partage et l’autre avec le Foyer de Charité de Trinité. Alors, mes yeux s’ouvrirent ! Le Seigneur continuait à me montrer mes péchés, mais j’ai surtout compris que j’étais comme le fils aîné de la parabole du fils prodigue. Non pas parce que j’étais jalouse de mon frère, mais parce que je ne vivais pas pleinement en tant que fille de Dieu. Je n’osais rien lui demander malgré ses paroles qu’Il ne cessait de me répéter comme « Demandez et vous recevrez… » Mt 7,7. J’avais oublié l’intimité de mon enfance. Je ne prenais pas pleinement tout ce que le Seigneur m’offrait en tant que son héritière, en tant que membre de son Eglise : « Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. » Je me dénigrais et laissais les autres m’abaisser. Je ne vivais pas pleinement les sacrements de l’Eglise, ni de ses trésors. Je me suis rendue compte par exemple que si en 5e, j’avais lu plus de 80% des livres du CDI, je n’avais jamais lu toute la Bible.
Le Seigneur prend soin de ses enfants
Au cours des mois qui suivent, je me rends compte que c’est surtout Dieu qui m’a tenu la main aux cours des années précédentes. Il m’a précédée et portée dans mes épreuves. Cela a été flagrant en répondant à une question somme toute anodine, « comment as-tu trouvé ton travail en Martinique ? ».
En effet, en répondant à la question, tout en racontant mon histoire, je me rendais compte que j’avais déposé mon dossier de candidature fin janvier 2012, un peu avant le décès de ma tante. J’avais reçu la réponse de présélection et de convocation aux épreuves écrites juste avant Pâques, pour les passer le mercredi après Pâques. Que les résultats et la convocation pour l’oral étaient tombés la veille de l’ascension et que j’avais soutenu l’oral le mercredi avant la Pentecôte. Que j’avais reçu la réponse finale dans la seconde moitié de juillet entre l’anniversaire de mon baptême et la Saint Victor. Le Seigneur me portait et je réalisais que ses paroles s’accomplissaient dans ma vie : « Quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : ta houlette et ton bâton me guident et me rassurent ». Ps 23, 4 ou encore « Je suis avec vous, tous les jours, jusqu'à la fin des temps ». Mt 28, 20. Il commençait à m’éclairer sur qui j’étais vraiment : « Je ne prie pas pour que tu les retires du monde, mais pour que tu les gardes du Mauvais. Ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi, je n’appartiens pas au monde. » Jean 17, 15-16.
Une nouvelle conversion, la première de beaucoup d’autres
Cet épisode a commencé à m’enseigner l’importance de la relecture de ma vie pour y voir Dieu à l’œuvre. Ma prise de conscience de mon côté « fils aîné », m’a aussi permis de reconnaître le côté « fils prodigue » qui avait besoin de se replonger pleinement dans les bras du Père pour tout apprendre et recevoir de Lui. A apprendre à Aimer vraiment, à m’aimer tel que Lui m’aime !
Apprendre à relire ma vie à la lumière des saintes Ecritures, me laisser interpeler et toujours me (re)tourner vers Lui ! Me (re) convertir sans cesse ! Apprendre à donner aux autres sans rien attendre en retour, vraiment, en toute liberté, à les aimer mais en m’aimant aussi moi-même (en tous cas commencer à le faire). Apprendre à savoir quand il le faut me retirer sur la montagne ou donner ma vie jusqu'à la perdre aux yeux du monde. Vouloir pleinement revêtir l'habit d'enfant de Dieu et prendre pleinement Sa nourriture.
A partir de ce moment, Dieu a commencé à mieux me nourrir en me faisant quitter le sein et en m'apportant des choses plus consistantes, de la nourriture solide. Tout est loin d’être gagné, c’est un combat de tous les jours, qui n’est qu’à ses débuts et toujours à recommencer, mais j'ai l'espérance que comme Il aime ce qui est bon, beau et bien, qu'Il est le plus fin des gourmets, Il me mènera vers ce pays où coule le lait et le miel... En attendant, Il continue à m’éduquer et à me faire grandir pour que je puisse pleinement devenir témoin de son Amour particulièrement en exprimant et réalisant les prénoms qu’Il a inspiré à mes parents de me donner; signifiant l'un et l'autre « Océan d’amour, et Toujours plus haut, vers la Victoire » !
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