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"Seigneur, appuie sur le bouton "reset" de ma vie"

Janvier 2017 : énième déception sentimentale

Peut-être que certains penseront : « Encore une histoire de cœur brisé »....

Et pourtant, cette histoire a dépassé ma pensée.


A bientôt vingt sept ans, j’étais une fois de plus célibataire, toujours en Contrat à Durée Déterminée, -en dépit d'un cursus qui me semblait pourtant, correct : baccalauréat obtenu avec la mention Très Bien, classes préparatoires, Sciences Politiques...- Mais qu’est-ce qui n’allait pas chez moi ? Avais-je choisi la mauvaise filière académique ? La mauvaise voie professionnelle ? Qu’est-ce que j’avais de moins qu’une autre pour qu’aucune de mes relations sentimentales ne fonctionne ? Pourquoi Dieu n’entendait pas mes prières ? Je priais pourtant tous les matins, tous les soirs. Pas un weekend ne passait sans que je n’aille à la messe. Pourquoi ne changeait-il pas ma vie ? Pourquoi je me sentais aussi... vide ? Comme la sensation que ma vie était bloquée de partout. Ces questions sans réponses ne faisaient qu’accroître le vide en moi et une forme de colère grandissante s’installait. J’étais en colère contre tout : la vie, les gens, mes ex petits-amis, les amis qui m’avaient déçue et même contre Dieu, à qui j’écrivais de nombreuses lettres. N’avais-je pas droit à un peu de bonheur dans cette vie ? Comment en étais-je arrivée là ? En me repassant le film de ma vie, j’ai revu le moment où tout a basculé.


Il s’agit de ma première grosse déception sentimentale (pas très original hein? mais tellement courant). Celui à qui je m’étais donnée (corps et cœur) pour la première fois, -si vous voyez ce que je veux dire-, m’avait quittée.

La douleur et le sentiment de trahison étaient tels que, pour noyer mon chagrin je me suis mise à aller en boîte de nuit régulièrement pour m’amuser, oublier, boire.

J’avais décidé de vivre la vie autrement, et de profiter à fond… et surtout de ne plus laisser un homme me faire du mal. Je (re)prenais le contrôle de ma vie désormais.

A 8000 km après avoir quitté la Martinique afin de poursuivre mes études, ma vie se résumait à ma scolarité, aux beuveries avec mes amis, aux relations passagères -ou parfois plus sérieuses- mais qui se terminaient, toujours.


Je donnais toutes ses lettres de noblesse à l’expression créole : « san manman, san papa » (sans maman, sans papa), pendant la période du carnaval, qui était devenue « ma deuxième religion » comme j’aimais dire. Puis le carnaval fini, la vie reprenait son cours, ma situation n’avait pas changé. Mes interrogations restaient présentes. L’euphorie du carnaval, des soirées et tout l’alcool ingurgité n’avaient pas réussi à chasser définitivement, la tristesse. De temps en temps, j’écrivais une lettre à Jésus. Pourquoi lui ? Je ne sais pas. Quand je n’arrivais plus à appeler ma mère, ou des amis de peur de les importuner avec mon mal-être, je pensais à lui. Je lui écrivais inlassablement la même demande « Seigneur, appuie sur le bouton « reset » de ma vie s’il te plaît !». Ce n’était plus possible de supporter cette sensation d’étouffer dans sa propre vie, dans son propre corps. Je suppliais donc Dieu de bien vouloir "réinitialiser" ma vie.


Un jour, je décidai d'aller me confier à un prêtre sur les conseils d’un ami. C'était juste pour échanger, partager aussi peut-être des choses dont je n’arrivais pas à parler avec d’autres personnes. Cette rencontre fut une étape charnière de ma vie.

En effet, après m’avoir longuement écouté et ri avec moi, le prêtre me proposa de me confesser. Je ne me souvenais plus trop de la dernière fois que je m’étais confessée, car je n’aimais pas cela. Mais j’acceptai car je sentais qu’il fallait que je lâche certains fardeaux. Je pleurai énormément durant cette confession.

Je repartis légère, j’avais la sensation d’être la plus heureuse du monde.


Par la suite, je pris la décision ferme de m’investir un peu plus pour Dieu.

J’intégrai donc une aumônerie avec laquelle je fis un bout de chemin et parallèlement la Communauté Catholique Vie et Partage, avec laquelle je partis à un pèlerinage : le fameux Festival des Jeunes à Medjugorje, en Bosnie-Herzégovine.

Là-bas, je fus surprise de voir des milliers de jeunes catholiques et pas uniquement !

Il y avait des gens de tous les âges, de toutes les origines, et aussi de différentes religions, des touristes, et j'en passe! Il y avait beaucoup de joie, de paix.

J’étais par moment, à la fois portée par l’ambiance et par la tristesse qui revenait.

Je disais en mon cœur : « Seigneur, je n’ai pas fait tout cela pour rien ! Je ne suis pas venue jusqu’ici pour être toujours aussi aigrie, et continuer à faire semblant de sourire !»


Alors, durant un chemin de croix, j’ai crié toute ma colère à Dieu, (toujours dans mon cœur). Je lui disais ceci : « Ma vie est injuste ! Moi je vais à la messe, je te prie et untel ne fait pas tout ça, pourtant la vie semble belle pour lui! Ni lui ni sa copine ne prient, ne croient en toi, et ils ont TOUT : CDI, vie de couple, etc ça va pour eux quoi. Et moi, incapable d’avoir une relation stable, un travail stable ! ». Puis, dans un dernier accès de colère, j’ai crié dans mon cœur « M***e » ! Je vous prie de m’excuser, mais oui, j’ai vraiment osé dire cela au Bon Dieu, car je n’en pouvais plus, j’étouffais.


Toujours pendant ce chemin de Croix, nous arrivâmes à un lieu nommé le Križevac (il s'agit d'une montagne avec une vue splendide au sommet et sur cette montagne, il y a une croix où il y aurait une relique de la vraie Croix qu’aurait portée Jésus).

Je vis alors une personne poser sa main contre la croix et prier. Je ne sais pas pourquoi, mais je fis la même chose. Et là, je me mis à pleurer. D’abord quelques larmes discrètes, puis je me mis à pleurer bruyamment. Et là je dis : « Seigneur, je ne peux pas pleurer comme ça, on va m’entendre et me voir ». -De base, je ne pleurais pas, et quand ça m’arrivait c’était seule dans ma chambre ou après une soirée trop alcoolisée-. J’entendis une voix me dire : « Tu te soucies trop du regard des autres ».

Et moi de répondre en mon for intérieur : "Heuuuu…. Oui ? Qui me parle ?" Je regardais autour de moi, personne à proximité immédiate. Je penchais à nouveau ma tête pour cacher mon visage, quand les larmes affluaient de plus bel, et que des cris étouffés commençaient à sortir. Et là, la même voix douce mais ferme, me dit : « Tu n’es rien ».

"Whhhhatt ? Comment ça je ne suis rien ?!" Lui répondis-je ! La même personne me dit : « Laurine, tu n’es rien sans moi » et là je sentis mon cœur se déchirer.

Il m’avait appelé par mon nom ! Dieu était en train de me parler là en cet instant, c’était sa voix, je le reconnaissais. Je ne peux vous expliquer comment cela était possible mais dans ma tête (ou dans mon cœur) j’ai répondu : « Seigneur ! Comment ça je ne suis rien sans toi ? ». Et Dieu qui me répondait toujours dans ce cœur à cœur inexplicable : « Tous tes projets de bonheur, mariage, travail, enfants, je ne suis pas dedans ».


Je criais tellement, je pleurais tellement fort que les gens se rapprochaient de plus en plus autour de moi, mais je ne voyais plus personne, incapable de faire autre chose que...pleurer. J’ai juste entendu quelqu’un s'exprimer : « laissez-la tranquille ». Je pleurais encore et encore. C’était plus fort que moi, incontrôlable. Dans un élan du cœur je criai à nouveau vers Dieu : « Seigneur je te demande pardon !!! Change ma vie ! Ne me laisse pas repartir dans cet état, Seigneur il faut que tu changes ma vie ! Je refuse de partir comme ça, fais quelque chose s’il te plaît ». Ce jour-là, je ne le savais pas encore, mais Dieu venait d’appuyer sur le fameux bouton « reset » de ma vie.


Bref, je m’appelle Laurine, j’aurai trente ans cette année et depuis trois ans, Dieu a fait tellement de choses dans ma vie que je me dois de témoigner de son Infinie Miséricorde (la suite au prochain épisode 😊).

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