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12 années d'errance à rechercher l'amour à l'extérieur de moi, partout où il n'est pas

Ecrire un témoignage n'est pas chose aisée, surtout quand on ne semble même pas être témoin actif de sa propre vie, mais simple spectateur.

Spectatrice de ma vie, je l'ai longtemps été. Je l'ai été pendant les 17 premières années de vie, ballottée entre un cuisant rejet se manifestant par une violence intrafamiliale intense et une succession de manques d'amour. Je l'ai été face à la dérive de charité et d'espérance entre mes proches, avec mes proches et avec Dieu, alors même que ma famille se voulait fervente pratiquante. Je l'ai été, quand j'assistais impuissante à un soulèvement de mes aînés face à ce qui semblait être une profonde hypocrisie religieuse tant la notion d'amour et de charité brillait par son absence au sein du foyer familiale. Ce vent de révolte ne visait malheureusement pas que mes parents, il visait également Dieu lui-même et la raison était simple : s'il nous aimait, comment pouvait-il permettre de telles situations. Je voulais bien croire qu'il s'agisse là d'un exercice de foi mais dans mon esprit d'enfant puis d'adolescente, il y avait là comme une dissonance, une fracture dans le discours religieux. De fait, je brillais devant Dieu par mon inconstance, croyant en son amour pour moi une minute, puis doutant du moindre intérêt de sa part pour ma personne la minute d'après. J'ai grandi ainsi, regardant s'étioler petit à petit la flamme d'amour qui jadis brillait en moi.

Puis le temps est passé et j'ai quitté le domicile familial à la première occasion venue, persuadée que les choses ne pouvaient être pires. Pour ce qui était de Dieu, ce qui n'était qu'une fracture initialement était devenu depuis longtemps un fossé me paraissant infranchissable. La prière même du Notre Père était devenue une épreuve. Moi qui avais si souvent décrier cette hypocrisie d'église, comment pouvais-je me tenir devant Dieu et oser lui demander de me pardonner, alors même que je n'arrivais nullement à pardonner aux acteurs de mon passé et encore moins, à me pardonner ce que je considérais comme ma propre inaction ? Comment pouvais-je proclamer l'importance de l'amour quand je ne m'étais jamais senti aimé des miens et que je ne pensais même pas avoir un jour su aimer ? Comment aimer quand on ne se sent pas digne d'être aimé et qu'on a jamais eu le mode d'emploi ?


J'ai ainsi passé les 12 années suivantes de ma vie à rechercher par tous les moyens l'amour du monde. J'avais alors l'intime conviction qu'il me fallait cet amour du monde pour me sentir vivre, me sentir exister aux yeux du monde, pour avoir ma place dans ce monde. J'ai cherché de l'affection, de l'attachement et même mon identité dans toutes les choses que propose ce monde. Sexe, drogue, alcool, débauche, gourmandise, travail, tout y est passé. 12 ans durant, j'ai cherché dans toutes ces choses, des marqueurs indiquant ne serait-ce qu'une infime preuve d'existence d'une once d'amour pour moi en ce monde. 12 années d'errance à rechercher l'amour à l'extérieur de moi, partout où il n'est pas. Partout où je ne pouvais trouver que de bien pâles copies d'un amour qui se monnaye, un véritable simulacre donnant l'illusion temporaire d'un amour de convenances et d'intérêts. 12 années à chercher pour ne trouver que désillusions, déceptions, déshonneur, désespoirs et dépression.

Un jour, une personne m'a dit que j'étais aimée de Dieu. Elle persistait à dire que ce que j'avais passé 30 ans de ma vie à chercher à l'extérieur était en fait à l'intérieur de moi ; au plus profond de mon être, dans mon cœur, dans ce tabernacle que Dieu avait placé en moi à mon baptême. C'est là qu'il y aurait déposé toutes ses preuves d'amour pour moi.


A l'époque déjà, je ne me sentais pas digne d'être aimée des Hommes et encore moins de Dieu. Alors, imaginer mon ressenti après 12 ans de vie débridée... Et puis, avec le temps, j'avais fini par me convaincre que, vu les galères que je ne cessais de rencontrer, cet amour de Dieu, s'il existait à mon égard, ne pouvait être gratuit. Et rien dans ma vie de l'époque ne semblait avoir assez de valeur en échange de cet amour. J'étais loin de me douter que ma vie elle-même avait une quelconque valeur.

Puis un jour, alors que j'avais perdu tout ce qui me rattachait à ce monde (cela même que j'avais tant chercher) et où je n'avais plus ni travail, ni revenu, ni logement, ni “famille”, ni vie sociale ; alors que je ne possédais plus rien de ce monde ; j'ai crié vers Dieu du plus profond de mon cœur. Je m'étais résolu à accorder le bénéfice du doute à cette personne rencontrée plus tôt. Cette fois-ci, je n'ai pas prié. Non, j'ai crié à Dieu, l'implorant de faire en sorte que, s'il avait pour moi une once infime d'amour, de prendre mon désespoir et ma dépression et de placer dans mon cœur, un petit bout de cet amour.


Imaginer donc un petit bout d'une once infime d'amour... Ce n'est vraiment pas grand-chose... Pourtant, j'ai fait pleinement l'expérience d'une rencontre qui a gonflé mon cœur d'un sentiment nouveau, me laissant toute chose. Il m'a fallu du temps pour comprendre que ce ressenti était éveillé par l'amour de Dieu pour moi, un amour véritable. Aussi, je me suis mise à prier, non pas pour un travail, une voiture, un logement ou des revenus mais pour qu'il place toujours un peu plus de son amour dans mon cœur, mon seul réconfort.


Et Waouw! Les choses ont commencé à bouger en moi. Ce que j'avais si souvent détesté sur mon corps se mettait à avoir de la valeur à mes yeux. Plus le temps passait et plus je prenais conscience que Dieu, quelque part, m'avait désirée et avait choisi de modeler chaque centimètre carré de mon corps avec amour et délicatesse dès ma conception. Tout ce que j'avais si souvent dénigré sur mon physique avait pourtant une raison d'être aux yeux de Dieu. Qu'importe que je ne voie pas encore laquelle. Dieu, quelque part, la connaissait.


Les choses ont continué à bouger et j'ai réalisé que désormais, le monde entier peut me détester, la terre toute entière peut me rejeter, je n'ai qu'à rentrer au plus profond de moi pour retrouver Dieu et son amour pour moi, à mes côtés, en moi. Aussi, la terre entière peut m'ignorer, je peux ne rien être aux yeux du monde ou aux yeux de mes semblables, qu'importe? J'aurais toujours du prix aux yeux de Dieu. Il m'a aimé dès ma conception, m'aime encore aujourd'hui et m'aimera toujours.

Bien sûr, il m'arrive encore, prise dans les tourments de la vie, d'oublier quelque peu son amour. Je m'éloigne alors de lui, me laissant submergée et noyée par les préoccupations de ce monde. Résultat, je m'auto-flagelle, agissant de nouveau par peur, tristesse et désespoir, questionnant une fois de plus son amour pour moi.

Mais je le sais désormais, cette inconstance est propre à la nature humaine. Même les saints eux-mêmes ont parfois fait preuve d'inconstance à l'égard de l'amour de Dieu. Qui suis-je donc pour penser y échapper. Mais je sais désormais, que malgré tout cela, il continue de m'aimer. Il continue de m'aimer moi, sa fille au rire extravagant, à la voix à la fois douce et sévère, au corps rempli de cicatrices et au cœur débordant d'amour. Il m'aime avec mon extravagance à outrance, ma versatilité et ma propension à la volubilité. Bref, il m'aime avec mes nombreuses cicatrices de la vie et mes bobos du cœur.


Il m'aime, alors même que j'ai déjà tenté d'ôter le souffle de vie qu'il a, un jour certain, insufflé en moi. Il m'aime là même où je ne m'aime pas encore. Il m'aime, moi sa fille, son enfant choisit, sa princesse, l'héritière de son royaume. Oui, Dieu m'aime, il a une destinée pour moi. Il a un plan d'amour extraordinaire pour moi. Ce plan ne signifie pas que je ne souffrirai plus ou que je ne serais pas éprouvée. Pour cela, il en va de ma condition humaine, c'est inévitable. Mais je sais désormais que cela fait partie de mon chemin de conversion, de mon chemin d'amour pour Dieu, pour moi-même et pour mon prochain. Chemin qui a tôt fait de commencer par une démarche de pardon. Chemin qui est loin d'être fini.


Si je suis sûre d'une chose, c'est qu'à l'heure où j'écris cela, je ne veux plus être du monde. Car là où le monde m'a rejeté, lui m'a choisi, m'a choyé, m'a aimé, m'a restauré. Lui, c'est mon tout, il est tout pour moi. Je peux l'affirmer avec foi et conviction désormais. Et dire qu'il m'aura fallu 30 ans pour le comprendre, moi qui ai pourtant reçu à ma naissance un prénom signifiant “Dieu est plénitude”.

J'en suis là parce que quelqu'un a osé me dire un jour “Dieu t'aime”. Alors je te le dis à toi également si tu as besoin de l'entendre : “Dieu t'aime”. Quelle que soit la situation que tu vis, viens faire l'expérience de l'amour de Dieu pour toi, tu verras, c'est édifiant. Fais confiance à l'amour de Dieu, et tu ne seras plus jamais spectateur de ta propre vie. Tu en seras bien au contraire un acteur brûlant d'amour et un témoin pour les autres.


Avec amour,

Elsa


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